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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 08:31
L’histoire du 1er Parti Démocrate Khmer (Par Sim Var)

C’était en 1945, la France, dont l’autorité avait été éclipsée un moment par le coup de force japonais du 9 Mars, la rétablit au Cambodge aussitôt après la capitulation de l’armée impériale du Mikado en Août de la même année. Ayant mis en état d’arrestation le premier Ministre Son Ngoc Thanh qui était d’obédience japonaise, elle signa avec le nouveau gouvernement khmer présidé par le prince Sisowath Monireth, oncle du roi Norodom Sihanouk, un modus vivendi en attendant d’octroyer au royaume un statut de «large autonomie interne».

Mais malgré la signature de cet accord provisoire, le nouveau représentant de la France, M. Pénavaire, qui portait le titre de Commissaire de la République, ne pouvait pardonner au jeune roi Norodom Sihanouk d’avoir en accord avec l’occupant japonais proclamé l’indépendance du Cambodge. S’abouchant avec le prince Norodom Norindeth, un des candidats malheureux au trône, il lui suggéra de former un parti politique dont il devait prendre la présidence, lui faisant comprendre qu’un petit pays comme le nôtre avec une faible population ne devrait posséder qu’une seule et unique formation politique.

Comme le directeur du journal «Nagaravattaa», M. Pach Chhoeurn venait d’être arrêté à son tour par les autorités françaises à la suite d’une manifestation des bonzes, il n’y avait plus à Phnom Penh d’autre nationaliste notoire en vue. C’est dans ces circonstances que le prince Norodom Norindeth a fait appel à moi pour l’aider à réaliser son projet, m’ayant connu comme rédacteur en chef du journal précité. Ayant écouté l’attentivement son exposé sur la formation de son parti qui devrait porter le nom de «Kanapac Sereyphéap», ou parti libéral, et le même emblème que celui du drapeau national, je compris tout de suite le but qu’il poursuivait et qui était d’évincer Norodom Sihanouk du trône. Je refusai alors tout net de me prêter à ce sujet.

Quand je pris congé de lui, j’avais déjà en tête l’idée de fonder moi aussi un parti politique pour contrecarrer ses manœuvres parmi la masse du peuple. Par ailleurs, mon refus était motivé par le fait qu’avant l’accession de Norodom Sihanouk au trône du Cambodge, j’avais eu l’occasion de mener en sa faveur une campagne avec mes amis Son Ngoc Thanh, Pach Chhoeurn et Vuor Horng. D’autre part, j’estimais que le souverain était mieux placé que quiconque pour traiter avec des nouvelles autorités françaises pour le futur statut de notre pays en conformité avec l’aspiration du peuple.

Fort opportunément, M. Ieu Koeus, que je connaissais de longue date pour avoir milité ensemble pour l’indépendance nationale, et M. Chhean Vâm, officier de liaison de l’armée française, venaient de rentrer à Phnom Penh, le premier de Battambang où il résidait après la cession de cette province à la Thaïlande, et le second de France avec grade de capitaine. Ne connaissant pas encore personnellement ce dernier, je résolus de le rencontrer avant toute autre personne pour lui faire part de mon projet.

Après trous entrevues plus ou moins secrètes, nous tombâmes d’accord sur le but que je poursuivais. Puis, me tournant vers M. Ieu Koeus, je n’eus aucune peine à le rallier à nous. Au début, nous n’étions donc que trois à jeter les bases de notre mouvement auquel nous donnions le nom de «Kanapac Prachéathippetay», ou parti démocrate. Avec comme emblème d’une tête d’éléphant portant dans sa trompe trois fleurs de lotus qui représentaient respectivement : la Nation, la Religion et la Monarchie.

Les succès que nous obtenions auprès de la masse et de l’élite du peuple furent tels que le chef du parti libéral jura de me supprimer à la première occasion. En mars 1946, arriva à Phnom-Penh, un autre officier de liaison, le prince Sisowath Youtevong qui rentrait aussi de France avec grade de colonel. Contacté par M. Chhean Vâm, il donna tout de suite son adhésion, nous aidant même à parachever notre projet de statuts. Comme il jouissait d’un grand prestige en raison de son double titre de prince et de haut diplôme, nous étions unanimes à lui confier le leadership de notre mouvement qu’il partageait avec un Comité directeur. C’était un prince fort démocrate, qui se distinguait nettement de tous les membres de l’aristocratie khmère. Joignant à sa modestie naturelle un grand savoir, il eut tôt fait de provoquer l’adhésion enthousiaste d’une foule de gens dans tous les milieux qui se piquaient tant soit peu de patriotisme.

Mais si nos succès nous attiraient davantage l’ire du prince Norodom Norindeth, ce qui était tout naturel, en revanche, ils eurent le don contre toute attente, de provoquer la méfiance du jeune souverain auquel ils portaient ombrage. Ayant un penchant autoritaire, ce dernier ne pouvait supporter qu’un autre prince eût plus de popularité que lui. Dès lors, le commissaire de la République n’eut aucune peine à le dresser contre nous, nous prêtant gratuitement des velléités républicaines, alors que notre mouvement était plutôt destiné à soutenir contre manœuvres du chef du parti libéral.

Comme le pays était encore placé sous le régime de la monarchie absolue, nous étions obligés d’user de beaucoup de prudence et de précautions pour éviter les embûches tendues par nos adversaires tout en essayant de rassurer le roi sur la pureté de nos intentions. Ne pouvant avoir raison de notre opiniâtreté, le Commissaire de la République soumit au roi un projet de Constitution pour être imposé à la future Assemblée Constituante dont le moins qu’on puisse dire est que les droits et libertés démocratiques brillaient par leur absence, tandis que tous les pouvoir émanerait de souverain, ce qui équivaudrait au maintien de la monarchie absolue.

D’après discussion eut lieu au cours de nombreuses réunions entre les représentants du roi et les partis démocrate et libéral. Naturellement ce dernier parti soutint la position du roi pour les besoins de sa cause. Tandis que le nôtre la combattait sur la dévolution des pouvoirs qui deviendraient, selon nous, émaner du peuple. Comme ces discussions menaçaient de s’éterniser, il fut décidé d’un commun de lancer quand même les élections, laissant au temps le soin d’arranger les choses.

Mais le temps n’a rien arrangé du tout. En effet, comme le parti démocrate, plus dynamique, avait obtenu les deux tiers des sièges, le Commissaire de la République convoqua tous les membres de Comité directeur à son bureau et leur tint à peu près ce langage : «Votre parti a gagné. C’est très fort bien, et je vous en félicite. Mais tenez-vous tranquilles. Si jamais vous essayez de vous emparer du Pouvoir par la force, nous serions en mesure de vous mâter avec tous les moyens dont nous disposons pour le cas où le roi ferait appel à nous !». Alors calmement, le prince Sisowath Youtevong lui répondit en ces termes : « «Monsieur le Commissaire de la République, nous n’avons nullement l’intention d’user de la force pour nous emparer du Pouvoir. Ce dernier devrait nous revenir d’office. Ayant remporté une victoire éclatant, il n’est pas nécessaire selon nous d’user de la force pour cela. Même si nous voulions vraiment nous ne pourrions pas le faire, étant donné que nous ne disposons d‘aucun moyen. Moi qui vous parle, je n’ai même pas chez moi un rotin pour fouetter mon chien. Au contraire, ce sont ceux qui possèdent des moyens qui ont tendance à les utiliser à tort et à travers !».

À ces mots, le Commissaire de la République s’est confondu en excuses, protestant de sa bonne foi jusqu’à la fin de l’entretien. Mais ce n’était que partie remise, car la rancune du Commissaire de la République était tenace. En effet, en pleine réunion de l’Assemblée Constituante, des membres de la Sécurité Militaire Française firent irruption dans la salle des séances pour me mettre en était d’arrestation malgré ma qualité de député, m’accusant tantôt de collusion avec les Issarak, tantôt d’espionnage au profit d’une société secrète étrangère dite «Etoile Noire» dont je ne connaissais ni le nom, ni l’existence jusque-là. Malgré les protestations de l’Assemblée, je fus gardé en détention à la Prévôté militaire française, enfermé dans un bâtiment «secret» avec 17 autres personnes dont la plupart m‘étaient inconnues, mais qui toutes avaient fait des «aveux» m’accusant de tous les faits reprochés par la Sécurité Militaire Française.

Mais une fois arrivé à Saigon, elles me présentèrent toutes leurs excuses, m’affirmant que leurs prétendus aveux avaient été arrachés à Phnom-Penh par la violence, car on les avait soumises au supplice de la baignoire, de la magnéto et des coups de matraque. Là, je fus inculpé par le juge d’instruction du Tribunal Militaire Permanent d’atteindre à la Sécurité extérieure de l’Etat.

Comme je l’espérais, mes codétenus rétractèrent tous les «aveux». Malgré cela, on continuait à nous garder encore longtemps en détention dans la prison saïgonnaise. Un jour, j’appris que le prince Youtevong devenait président du Conseil des Ministres à la place du prince Monireth, je me mis alors à espérer qu’il allait nous tirer de cette triste situation, mais mon espoir fut de courte durée, car quelques mois plus tard, souffrant de tuberculose, il fut transféré en France où il mourut. Il avait, certes, fait des démarches auprès du nouveau Commissaire de la République, M.Léon Pignon, pour obtenir notre libération, mais étant donné son mauvais état de santé, on n’était pas trop pressé de nous libérer, nous gardant ainsi en détention pour rien pendant un an avant de nous transférer à Kompong Cham-ville où nous étions placés en résidence surveiller.

Mais là non plus, nous n’étions pas au bout de nos peines, car le représentant français de cette province nous convoquait souvent pour nous interroger à la suite de rapports de police signalant nos escapades nocturnes imaginaires. À tel point que nous étions obligés, pour couper court à ces rapports mensongers, de demander à retourner en prison, mais on se gardera bien d’exaucer notre vœu. Quant au roi, il ne fit absolument rien pour nous faire libérer, en voulant sans doute au parti démocrate de ses prétendues idées républicaines.

À cette époque, le prince Sisowath Watchhayavong fut choisi pour remplacer le prince Youtevong à la présidence du Conseil des ministres, en raison de sa position non partisane, car la Constitution de 1947 venait d’être votée et l'on allait procéder aux élections législatives pour nomination de la première Assemblée Nationale khmère. J’appris alors que mon arrestation était motivée par le fait qu’on voulait non seulement exercer des représailles contre le principal responsable de la défaite du parti libéral, mais encore et surtout faire pression sur le parti démocrate pour l’obliger à céder sur le chapitre de la dévolution des pouvoirs. Mes amis ayant effectivement cédé le vote de la Constitution fut alors rendu possible.

En décembre 1947, pendant que nous étions encore en résidence surveillée à Kompong Cham-ville, les élections eurent lieu sur tout le territoire du royaume. Des légionnaires français furent placés dans notre dortoir jour et nuit pour nous empêcher de communiquer avec les membres de notre parti. Malgré ces précautions, ce dernier l’emporta encore à une majorité confortable sur le parti libéral. Notre secrétaire général, M. Chhean Vân, fut alors appelé en janvier 1948 pour former le gouvernement.

À la suite d’incessante démarches faite par notre gouvernement, le nouveau Commissaire de la République finit par nous libérer tous après environs quatre mois de résidence surveillée. Comme malgré cela, la police française continuait toujours à me relancer avec des rapports mensongers. Le gouvernement prit la décision de m’envoyer en France à l’Assemblée de l’Union Française pour me mettre à l’abri de toutes accusations gratuites. Mais en France même, je n’étais pas du tout tranquille, car le temps à autre, les agents venaient me voir pour m’apprendre que la police avait reçu des lettres anonymes m’accusant de trafic d’armes en faveur des Issarak. Certes, ces méthodes de basse police ne m’inquiétaient guère, sachant qu’elles ne reposaient sur aucun fondement. N’empêche qu’elles provoquèrent chez moi une irritation de plus en plus grande contre le ou les auteurs de ces méthodes. En Août 1948, M. Chhean Vâm dut donner sa démission de président du Conseil à la suite de discussions internes, pour faire place à un gouvernement présidé par M. Penn Nouth, conseiller du parti démocrate.

Six mois plus tar, ce dernier fut renversé par l’Assemblée sur l’interpellation du député démocrate Yêm Sambaur à la suite d’un scandale provoqué par l’affermage des lots de pêcherie de Khlar Krahim, ce qui créa une scission au sein du parti majoritaire. De se fait Yêm Sambaur fut appelé à remplacer Penn Nouth à la présidente du Conseil, mais il ne tenir plus de sept mois.

En raison de dissensions internes et des querelles de parti suscitées par les manœuvres du Palais, la vie politique khmère fut marquée par l’instabilité gouvernementale permanente depuis la création de l’Assemblée Nationale. Les gouvernements qui se sont succédé n’ont duré que 7 ou 8 mois au maximum. Il y en eut même un qui n’a duré qu’une semaine. Ils furent présidés successivement par Chhean Vâm, Penn Nouth, Yêm Sambaurn Ieu Koeus, le roi lui-même, Sisowath Monipong et Oum Chheangsum.

Cette valse de gouvernement ne pourrait s’expliquer autrement que par les manœuvres du souverain qui dressait comme à plaisir non seulement les partis entre eux, mais aussi les membres d’un même parti les uns contre les autres, ce qui aboutissait en 1949 à l’assassinat de Ieu Koeus, personnalité marquant du groupe des démocrates. Des bruits les plus contradictoires coururent alors sur ce crime, l’attribution tantôt au palais Royal, tantôt au Commissariat de la république en raison des idées républicaines de la victime ou de son hostilité au projet du nouveau statut qui allait être octroyé au pays par la France. Toujours est-il que la vérité n’a pu être établie jusqu’à ce jour sur le ou les auteurs de cet assassinat.

Mais cela n’empêcha point le roi de se livrer à son jeu favori en suscitant la création d’autres formations politiques, en sorte que ceux qui voulaient devenir ministres en créèrent une chacun qui ne représentait que la personne du fondateur. C’est ainsi que naquirent les partis «progressiste», d’Union Nationale, de Redressement National, du Nord-Ouest Victorieux, du Peuple, etc. Bien qu’ils n’eussent aucun représentant à la chambre. Certains de ces chefs de parti puent quand même entrer dans des cabinets ministériels grâce au soutien royal. La situation politique devint tellement confuse qu’elle favorisait dangereusement l’insécurité qui se développait de plus en plus en province.

En octobre 1951, ce fut M. Huy Kanthoul, démocrate, qui fut appelé à former le gouvernement. Quelque mois plus tard, Son Ngoc Than qui avait été exilé en France rentra à Phnom Penh grâce à l’intervention du roi. Le parti démocrate organisa alors en son honneur un accueil si grandiose qu’il fit pâlir de jalousie le souverain lui-même. Son Ngoc Than était, certes, l’idole du parti démocrate, mais il déclina l’honneur qui lui offert d’entrer dans le cabinet de Huy Kanthoul.

En juin 1953, il prit le maquis pour aider, disait-il, les Issarak à combattre les troupes françaises afin d’obliger la France à accorder l’indépendance complète au royaume, compromettant de ce fait gravement la position du parti démocrate. Je dus alors intervenir à plusieurs reprises pour demander au Comité directeur de redéfinir clairement la position de notre groupe par rapport à Son Ngoc Than pour rendre sans équivoque. Ce fut peine perdue, car manquant sans doute de courage, mes amis ne savaient plus quelle attitude prendre. Ce qui pousse le roi à prononcer un violent discours pendant une séance du Conseil du Royaume, puis à dissoudre le gouvernement Huy Kanthoul.

À ce moment, je m’attendais au pire, pensant que tous les membres du Comité directeur pourraient être soupçonnés de connivence avec Son Ngoc Than et être de ce fait mis en état d’arrestation. Mais pendant que je me trouvais dans la plus inquiétude, je fus réveillé le lendemain vers 4 heures du matin par des coups frappés à la porte de ma maison. Comme je m’informais de ce qui se passait, quelqu’un cria de l’extérieur en me faisant savoir que j’étais mandé par le roi. J’étais au comble de la frayeur, car depuis toujours la police avait l’habitude de sonner de nuit chez les gens qu'elle devait enlever à l’insu des voisins pour les faire disparaître. Mais en regardant par une fenêtre entrebâillée, je ne vis ni policiers, ni gardes, sauf une voiture du Palais qui attendait dans la rue avec un chauffeur. Je m’habillais hâtivement et me rendis au Palais en compagnie du fonctionnaire qui avait frappé à ma porte.

En arrivant, je constatais que le palais avait un aspect inusité, fortement gardé par des troupes. Pendant que le Souverain qui, paraît-il, n’avait pas dormi de la nuit discutait avec des Grands du Royaume, le prince Norodom Suramarit m’accueillit à l’entrée, me disant qu’après avoir dissous le gouvernement Huy Kanthoul, le roi prendrait lui-même la présidence du Conseil, promettant à la Nation de la conduire jusqu’à l’indépendance complète dans un délai de trois ans, et il me demanda de participer à sa croisade comme ministre de l’Economie. N’ayant pas tout de suite réalisé la situation, je dus décliner ce redoutable honneur, étant encore sous le coup de la frayeur. Mais Penn Nouth qui se tenait derrière moi me tira par la veste pour me dire à l’oreille que c’était un ordre du roi et qu’il fallait obéir, ce que je fis, bien que cette mission fût au-dessus de mes capacités.

C’est ainsi que je fus nommé au poste de l’Economie, puis à celui de la Défense Nationale jusqu’au 9 novembre 1953, date à laquelle, le Cambodge obtint enfin son indépendance. Aussitôt après, je donnai ma démission de ministre, estimant que ma mission était terminée, mais le roi entra dans une violente colère considérant dans doute ma décision comme une offense. Un mois plus tard, le parti démocrate tint son assemblée Générale dans la salle du «Cinélux».

Comme elle acceptait l’adhésion du communiste Thiounn Mum comme membre actif, je m’élevais violemment contre cette décision. Je fis ensuite une compagne de presse contre le nouveau Comité directeur, qui crut alors devoir prononcer mon exclusion alors que j’avais eu pourtant le premier l’idée de fonder ce parti. Telle est l’histoire succincte du 1er démocrate khmer. C’est aussi celle d’une partie de ma carrière politique. (Ce document a été publié par la revue Moulkhmer, n° 120 – Mars-avril 1990. Transcription par Sangha OP) . M. Sim Var (décédé) : Homme politique et ancien ministre khmer
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5 septembre 2009 6 05 /09 /septembre /2009 19:10
LE REGNE DE PREAH ANG CHEY OU PREAH BAT TA TRASAKPEAM (Concombre sucré) (998 – 1048)

Version Eng Soth (Texte en khmer) : Traduction non officiel par Sangha OP Note 1 : Ponhea : Le titre de « Ponhea » signifie prince. Plus tard, les hauts fonctionnaires et les officiers généraux du royaume portaient aussi ce titre d’honorifique accordé par le roi pour leurs services mérités.

1e version :

Agé de 45 ans, Ponhea Chey fut sacré roi par les ministres du royaume pour succéder au roi défunt Sénakareach. Voici l’histoire : Au mont Prasithik (mont sacré), deux frères, Chay et Sours y habitaient. Ils étaient jardiniers et dirigeaient avec la participation des villageois pour leurs loisirs une troupe de théâtre «Basac». À cette époque, le roi, nommé Sénakareach, régna au pays des Khmers. Un jour, il décida pour une raison inconnue d’abandonner sa capitale. Il quitta son palais avec sa cour, ses ministres et les membres de son administration centrale à la recherche d’un nouvel endroit idéal pour rebâtir sa capitale royale. Arrivé au mont Prasithik, le roi trouva l’endroit magnifique et décida d’y installer sa nouvelle capitale. Il fit y construire son nouveau palais royal. Apprenant l’arrivée du roi, les deux frères Chay et Sours avec tous les membres de troupe de théâtre se précipitèrent pour solliciter au roi une audience royale. Leur requête était accordée par le roi. Chay et Sours et les autres apportèrent avec eux beaucoup de cadeaux pour offrir au roi, parmi lesquels, il y avait des concombres sucrés. Au tombé de la nuit, les deux frères ordonnèrent aux comédiens de jouer quelques pièces de théâtre pour distraire le roi et sa cour pendant leur dîner. Au menu royal, il y avait les concombres des deux frères. Le roi avait beaucoup apprécié le goût succulent des concombres offerts par Chay et Sours et demanda à son ministre du palais de faire venir les deux frères pour les remercier. Le roi assit sur l’estrade royale devant les deux frères, à genoux par terre : «Tes concombres ont un goût délicieux. Dorénavant, je vous donne l’ordre de ne plus les ventre à personne et vous les cultivez exclusivement pour moi». Les deux frères joignirent la paume des deux mains en les levant au niveau de leur front, puis ils abaissèrent leur tête pour que leur front touchait la terre et répondirent au roi : «Votre désir est un ordre». En l’an 893, le roi Sénakareach fêta son trentième anniversaire de son sacre. Au même année, Chay avait 43 ans et son frère Sours avait 33 ans.

Cette année là, il se passait au village un évènement extraordinaire. Un buffle d’un paysan entra dans le potager des deux frères, puis, il marcha sur les plantes de concombre. Pour faire fuir le buffle de son potager, Chay ramassa une pierre par terre et la lança à la direction du buffle. Le projectile transperça le corps de l’animal et le blessa mortellement. Le propriétaire du buffle était informé de cette incidence par les autres paysans. Fou furieux, il se précipita illico au tribunal du district pour déposer plainte contre Chay. Le juge saisit cette affaire et condamna Chay à rembourser le prix du buffle au propriétaire.

Chay contesta le jugement en expliquant au magistrat qu’il n’a jamais l’intention de tuer le buffler. Il a jeté la pierre pour faire fuir seulement l’animal de son potager et le projectile le blesse mortellement qu’il n’en arrive même pas à expliquer. Embarrassé par l’explication de Chay, le juge ne savait plus quoi faire. Il décida d’envoyer affaire devant son ministre tutelle. Après être mis au courant de cette affaire, le ministre n’osait pas en juger car accusé est le jardinier du roi. Il décida à son tour d’en informer le roi. Curieux, le roi convoqua son jardinier en audience plénière. Il exigea une reconstitution des faits surprenants : Il ordonna au juge d’amener trois buffles et la pierre de Chay dans une grande cour du palais royal et il demanda à Chay de lancer la pierre trois fois sur trois buffles avec la même distance qu’il a lancé dans son potager. À chaque lancement, le projectile transperça le corps du buffle et le blessa mortellement. Le roi constatait les faits avec stupéfaction. Il demanda qu’on examinât la pierre par des spécialistes de la cour. Le résultat de l’analyse révèle que la pierre n’est qu’un morceau de fer et c’est pourquoi, elle transperce facilement le corps du buffle. Le roi était satisfait de cette explication et il demanda à son ministre de faire venir le propriétaire du buffle pour lui dire ceci : «Je ne peux pas condamner Chay de te rembourser le prix du buffle car sa mort est un accident, c’est donc son destin. Chay n’a jamais l’intention de tuer ton buffle. La pierre lancée par lui est un morceau de fer, c’est pourquoi, elle a transpercé le corps de ton buffle et a blessé mortellement».

Ensuite, le roi ordonna au maître forgeron de la cour de faire fondre ce morceau de fer pour fabriquer une lance royale pour Chay afin qu’il l’utilisera comme arme pour surveiller son potager. En l’an 995, le roi Sénakareach avait 59 ans. Il fêta le 32e anniversaire de son sacre. Au même année, Chay avait 45 ans et son frère cadet Sours avait 35 ans. Cette année là, le roi commençait à soupçonner les deux frères jardinier de ventre discrètement des concombres aux certains hauts fonctionnaires de la cour. Un jour, il ordonna à son valet de préparer son cheval pour une promenade nocturne.

À la nuit tombante, il quitta son palais sans escorte à la direction du jardin des deux frères. Arrivé au jardin, il se cacha derrière une termitière qui se trouvait dans les champs de maïs pour surveiller les activités nocturnes des deux frères en espérant qu’il puisse les arrêter en flagrant délit de la vente interdite des concombres royaux. Cette nuit-là, Chay regardait, avec sa lance royale à la main, une pièce de théâtre à côté du champ de maïs. Soudain, il s’aperçut une ombre d’un homme tout près de son potager ; sans hésitation, il lança sa lance avec toute sa force dans cette direction. Dans son esprit, cet homme n’est qu’un voleur qui vient souvent voler ses concombres. Touché en plein cœur par la lance, l’homme s’écroula et mourra sur le coup à côté du termitière. Chay se précipita pour découvrir qui est la victime de son exploit. Il alluma la torche pour voir le visage du corps transpercé par sa lance. Puis il s’aperçut que le corps devant lui n’est que le roi sans vie. Il prévint immédiatement son frère et ses amis qu’il venait de tuer accidentellement le roi. Par la suite, la termitière où se trouvait le corps sans vie du roi est appelée par les villageois, «termitière de la mort du roi» (Dambauk Chhak sdach en cambodgien). Le lendemain, Chay envoya son frère au Plais Royal pour informer les officiels de la mort du roi en leur demandant de venir chercher sa dépouille pour célébrer les funérailles dignes de son rang royal. Les ministres du palais et les autres dignitaires du royaume apprirent cette nouvelle avec stupéfaction.

Dès que le corps du roi défunt fit introduit dans la grande urne mortuaire, le conseil de la couronne était convoqué pour discuter les problèmes de succession du trône car le roi défunt n’a ni l’héritier, ni des parents proches (son fils unique est décédé il y a quelques années au Laos). L’idée vint soudain à l’esprit des membres du conseil : pourquoi de ne pas choisir Chay et son frère comme roi et vice-roi, parce qu’ils ont toutes qualités pour diriger les affaires du Royaume : - Leur longévité, la force extraordinaire de Chay, - Gardiens de la lance royale, - Leur lien de sang avec la famille royale et ils sont populaire auprès de la population. Après un long débat, les membres du conseil de la couronne adoptèrent à l’unanimité ce choix. Les ministres étaient chargés d’envoyer un cortège royal pour aller proposer l’offre du Conseil aux deux frères. Chay refusa la proposition du Conseil. Il évoquait deux raisons majeures : Il n’y a pas le troupe de théâtre au palais royal. Les charges royales sont lourdes, lesquelles lui empêchent de diriger sa troupe de théâtre et d’assister à ses représentations nocturnes. Ayant entendu ses motifs, les ministres assuraient immédiatement Chay qu’il pourra organiser sa vie au palais selon son désir, c’est-à-dire qu’il pourra avoir autant de troupes de théâtre au palais et assister comme il le désire jour et nuit à ses représentations. Chay était satisfait de la promesse des ministres. Il accepta donc l’offre du Conseil de la couronne. Les deux Ponhea Chay et Sours furent conduits par le cortège au palais royal pour être proclamé roi et vice-roi par le Conseil de la couronne.

Trois années plus tard, Ponhea Chay fut sacré roi sous le nom de règne Ang Chey. Il fit déposer sa lance sur un autel dans la salle du trône et il fit construire devant le palais royal deux jardins publics. L’un pour les balançoires et l’autre pour les jeux cache-cache. Le peuple admirait la longévité du roi et celle du vice-roi. Il demanda aux derniers, à chaque cérémonie du mariage, qu’il puisse clamer le nom du roi et son frère comme vœux de longévité aux nouveaux mariés : « Chey Hauk, Sours Hauk ». Le roi et son frère furent émus par cette demande et acceptèrent d’emblée à cette requête populaire.

En l’an 998, le roi se consacra son temps à lire et étudier tous les anciens textes concernant la tradition du pays. Il demanda à tous les ministres et les membres de la cour de faire autant. Il constata que les objets sacrés, symboles de la royauté, sont disparus du palais royal, lesquels sont : - Vingt et une statuette de Thévaroup,une conque royale en bronze, - Un parasol royal en bronze, - Sept Bakou (maîtres de cérémonies du palais). Il convoqua, en effet, les ministres et tous les dignitaires du royaume pour lui expliquer les raisons de cette disparition.

Voici les exposés du ministre du Palais : ces objets ont été volés par les Siamois et les Laotiens à l’époque où le royaume fut dévasté par des crues et sous leur occupation. Ils les ont amenés dans leur pays respectif. Après écouter ces derniers, le roi conclut avec beaucoup de tristesse et d’amertume que cette perte entraîne sans aucun doute la décadence du royaume depuis les règnes des rois Poum Naul Pearl jusqu’à aujourd'hui. Cette décadence a pour conséquence politique, la perte de contrôle des pays vassaux. Ainsi, le royaume d’aujourd’hui est faible et pauvre. Cette situation ne lui permet plus de reconquérir les territoires perdus. Conscient de cette réalité, le roi s’isola et commença à sangloter.

En l’an 999, le roi convoqua le Grand Conseil du royaume : - Le chef religieux du royaume (Preah Sanghareach), - Sept membres de l’ordre bouddhique, - Le chef des armées, - Les ministres, - Les membres du Conseil du trône. Devant ces membres, le roi leur dit ceci : «Le royaume n’a plus les cinq objets sacrés. Ces objets sont le symbole des richesses et du bonheur» du Royaume. Il est donc nécessaire que le Royaume les possède à nouveau. Ainsi, il ordonna aux ministres de faire fabriquer par les sculpteurs de talent les vingt et une statuettes de Thévaroup et une conque royale à partir du mélange de l’or, du bronze et du cuivre de bonne qualité. Il envoya une délégation à la cour du royaume de Champassak pour solliciter une autorisation au roi de ce pays de recopier les textes sacrés dans les trois livres bouddhiques dont ce dernier possède cinq exemplaires. Je crois sincèrement que le roi pieux de Champassak ne s’oppose pas à ma requête, dit le roi. En ce qui concerne les sept Bakou, maîtres de cérémonie du palais, il décida de suivre l’exemplaire du roi défunt Athapoul Pearlor : suite à une mésentente avec le roi, les Bakous ont quitté le royaume par le navire sans prévenir personne. Sans hésitation, le roi fit les remplacer par leur fils. J’ai lu cette histoire dans la chronique des rois. Je ferai la même chose que lui, dit le roi Ang Chay. En l’an 1032, la reine Bottom Bopha donna un fils à Ang Chay. Le roi adorait son fils. Il lui donna le nom : Preah Séreyrath.

En l’an 1048, le roi Ang Chay tomba gravement malade. Il fit venir au palais son frère, vice-roi en lui demandant, après sa mort, de lui succéder et de proclamer son fils, âgé de 17 ans, comme prince héritier du royaume (Upayureach). Ponhea Sours assurait au roi que la dernière volonté du roi sera respectée. Quelques instants plus tard, le roi Ang Chay s’éteignit doucement, sans souffrir. Ponhea Sours fut proclamé roi par la volonté du roi défunt et par les membres du Conseil de la couronne.

2e version :

(livres déposés à la bibliothèque royale – Tome 2, n° 53, page 68) Preah Bat Ta Trasakpaem monta sur le trône khmer le 11 mars 1290 à 9 heures du matin à l’âge de 70 ans. Il s’éteignit à l’âge de 120 ans après 51 ans de règne (livre 2, page 64).

Sous le règne du roi Sihanouk Reach, il y avait un moine errant (Lauk Tadong), nommé Preah Bottom. Ce moine était le fils du roi défunt Chakrapat. Lassé de la vie de tous les jours, il quitta sa famille pour entrer en religion comme moine errant dans la province de Kampong Speu. Un jour, au cours de sa méditation sous un grand arbre, le moine entendait une conversation des oiseaux, percés sur la branche au-dessus de lui, : - Ce moine n’a pas de chance dans sa vie, dit le premier oiseau à son ami, - Pourquoi tus dis ça, - Parce qu’il n’a, ni femme, ni enfants. Même, le Bouddha, avant d’être moine, a des femmes et des enfants. Depuis ce jour, ce moine réfléchissait jour et nuit à propos de cette conversation.

Un beau jour, il se dit, ces oiseaux ont raison de lui critiquer car il est vrai dans sa vie, il n’a ni femme, ni enfant. Il est donc maintenant pour lui de quitter la religion pour se marier et mener une vie normale comme tous les êtres humains. En l’an 1221, son épouse lui donna un fils. Il donna le nom à sa progéniture Chao Ta. Il passait tout son temps à instruire son fils jusqu’à qu’il devienne un homme parfait. Puis, un jour, il demanda à son épouse d’entrer à nouveau en religion. Il quitta sa maison et mena une vie de moine errant dans forêt non loin de son village où habitaient sa femme et son fils.

Un jour, Chao Ta demanda la permission à sa mère d’aller se rendre visite à son père dans la forêt. Au cours de cette rencontre, le père dit à son fils qu’il est né prince, fils d’un roi. Par son sang, son fils est aussi prince et selon son astrologue, son fils deviendra un jour roi. À la fin de cet entretien, le père donna à son fils, un morceau de fer et trois graines de concombres et il lui dit : ces graines peuvent apporter une chance à ta vie. Chao Ta quitta son père. Arrivé au village, il séma sur son potager les trois graines de concombres.

La suite de l’histoire est similaire à la 1ère version. Dans le même livre 2, page 69 : Après 4 ans de son règne, Preah Bat Ta trasakpaem fit construire : - un centre royal tout près du mont Chrey, - un palais dans la capitale royale Preah Khân pour déposer ses 4 épées. Le roi fit sculpter beaucoup des statuts de bouddha. Ces statuts ont étés déposés par ses soins dans une grotte d’un mont dont le nom est Preah (mont Bouddha). C’est le roi lui-même qui a donné ce nom. Après être proclamé roi, il continuait de vivre plusieurs mois dans son potager avant d’aller s’installer dans Preah Khân, la capitale royale.

Quelques mois plus tard, il décida d’abandonner Preah Khân au profit de l’ancienne capitale, Preah Moha Nokor (Angkor Thom) dans la commune de Prasat d’aujourd’hui. Après ce livre, Preah Bat Ta Trasakpaem succéda au roi Sihanouk Reach, fils du roi Sénakareach. Il épousa la fille du dernier et donna un nom de sacre à sa reine, Samdech Preah Chantrear Vatey Serey Chantra Mohakhsachtrey. Elle donna deux fils au roi : l’aîné, Preah Barom Niphayat, né en 1292 ; le cadet, Preah Santhir Peach, né en 1294.
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5 septembre 2009 6 05 /09 /septembre /2009 09:47

Comment cette guerre (1970-1975) a été imposée au peuple khmer ?

 (Publiée par l’Institut Franco-Khmer : la lettre khmère, n° 2, Février 1972, Phnom Penh)

 

  1. Les origines : 1954 – 1970

 

Après les accords de Genève de Juillet 1954, et malgré ces accords, des cadres et de petites unités Khmères-Vietminh se maintiennent au Cambodge pour réactiver le moment venu les foyers de subversion.

 

Au début des années 60, de nouveaux cadres (formés dans les Académies politico-militaire du Nord-Vietnam) s’infiltrent au Cambodge, afin d’amplifier l’action révolutionnaire et d’accroître les moyens des «Bases».

 

14 Février 1965 : réunion à l’initiative de Sihanouk, de la Conférence des Peuples indochinois, avec la participation des trois fronts de «Libération» du Nord-Vietnam, du Sud-Vietnam et du Laos.

 

31 Mai 1967 : le Front National de Libération du Sud-Vietnam déclare reconnaître les «frontières actuelles» du Cambodge.

 

8 Juin 1967 : la R.D.V.N. effectue la même déclaration.

 

Novembre 1967 : 3 journalistes découvrent fortuitement un camp vietcong dans la province de Kompong-Cham. Cela n’empêchera pas Sihanouk de continuer à nier la présence de Vietcongs-Nord-Vietnamiens au Cambodge, jusqu’à la fin de l’année 1968.

 

19 Février 1968 : le  «bulletin du contre-gouvernementt» révèle la  «Stratégie révolutionnaire chinoise adoptée au Cambodge dans les bases khmères vietcongs de l’intérieur.

 

Février 1968 : c’est la grande offensive vietcong-nord-vietnamienne de la fête du «Têt» ; les «sanctuaires» communistes vietnamiens du Cambodge facilitent le recrutement, l’approvisionnement et l’appui des unités engagées dans cette offensive.

 

28 Mars 1969 : dans une conférence de presse, Sihanouk avoue : «Les communistes vietnamiens s’infiltrent de plus en plus chez nous, je ne peux plus le cacher, il est temps que l’opinion mondiale le sache». Sihanouk illustre son aveu en présentant, pour la première fois à la presse la carte des implantation communiste au Cambodge.

 

24 Mai 1969 : le général Lon Nol attire l’attention des ambassadeurs de la R.D.V.N. et du G.R.P. sur l’occupation effective de certaines régions du Cambodge par leurs troupes.

 

31 Juillet 1969 : à l’ouverture du 27e Congrès national, Sihanouk avoue :

«Quant aux infiltrations, à l’occupation de notre territoire, à la subversion et à l’excitation d’une partie de nos compatriotes qui sont le fait de certains voisins ainsi que la rébellion armée des traîtres khmère-rouges, elles nous conduisent inévitablement, si elles ne s’arrêtent et ne reculent , à la perte de l’Indépendance et de la Neutralité».

 

8 Septembre 1969 : Sihanouk part à Hanoï pour assister aux obsèques d’Hô Chi Minh.

 

25 Septembre 1969 : signature, à Phnom-Penh, d’un «Accord de Commerce et de Paiement» avec le G.R.P.

 

9 Octobre 1969 : Sihanouk met fin à la mission de la Commission Internationale et de Contrôle au Cambodge qu’elle devra quitter avant le 31 Décembre.

Octobre 1969 : rapport confidentiel du général Lon Nol sur les implantations vietcongs-nord-vietnamiennes à la frontière du Cambodge. Ce rapport montre l’accroissement des effectifs (35 000 à 40 000 hommes) et la multiplication de leurs activités, non seulement aux frontières mais aussi dans certaines provinces de l’intérieur (notamment dans Battambang et Pursat).

 

6 Janvier 1970 : Sihanouk part en France, sous le prétexte de suivre une cure de repos. En fait il s’esquive après échecs de sa politique intérieure et de sa politique de Défense.

 

18 Février 1970 : rentrant de France, après un séjour de repos, le général Lon Nol entreprend la visite des provinces frontalières les plus affectées par les intrusions des communistes vietnamiens.

 

  1. Les évènements de Mars-Avril 1970 et leurs conséquences

 

Début mars 1970 : le gouvernement cambodgien évalue à plus de 50 000 hommes les effectifs des communistes vietnamiens au Cambodge.

 

8 Mars 1970 : manifestations populaires contre la présence des Vietcongs-Nord-Vietnamiens, dans les localités de Svay-Rieng, Chantrea, Kompong-Rau, Rumduol et Romeas Hèk.

 

11 Mars 1970 : la population de Phnom-Penh manifeste contre l’installation des Vietcongs-Nord-Vietnamiens en territoire khmer.

La colère populaire s’exprime par la mise à sac des ambassades de la R.D.V.N. et du G.R.P.

Les étudiants déposent une motion à l’Assemblée nationale réclamant l’évacuation des régions frontalières occupées par les Vietcongs.

Les députés et conseillers du royaume réunis en session extraordinaire votent, à l’unanimité, une résolution correspondant aux vœux de la population. Le gouvernement est mis en demeure de prendre des mesures urgentes pour défendre l’intégrité du territoire khmer.

 

12 Mars 1970 : le gouvernement de sauvetage demande au Nord-Vietnam et au G.R.P. de retirer toutes leurs forces pour le 15 mars.

Dans un communiqué, le chef du gouvernement s’engage à tout faire pour que les étrangers respectent l’Indépendance, la Neutralité et l’Intégrité territoriale du pays.

Le même jour, Sihanouk condamne ces manifestations.

Le général Lon Nol tente dans un rapport, d’expliquer à Sihanouk la signification profonde de la colère populaire.

Il réaffirme son désir de rester dans la ligne d’une stricte Neutralité. Le gouvernement royal pense pouvoir maintenir des relations amicales avec le Vietcong, si celui-ci respecte les aspirations du peuple khmer (en évacuant ses terres).

 

13 Mars 1970 : avant de quitter Paris pour Moscou, Sihanouk attaque violemment le gouvernement Lon Nol dans une conférence de presse.

 

14 Mars 1970 : Sihanouk refuse de recevoir deux émissaires que le gouvernement de sauvetage voulait lui envoyer afin d’expliquer la situation.

 

15 Mars 1970 : le gouvernement informe la Nation de son intention d’ouvrir des négociations avec les représentants diplomatiques du N.V.N. et G.R.P. sur les conditions d’évacuation du territoire cambodgien.    

 

16 Mars 1970 : manifestation anti-vietcong des étudiants devant l’Assemblée nationale.

 

18 Mars 1970 : l’Assemblée nationale et le Conseil du Royaume proclament la Nation en danger.

 

19 Mars 1970 : Sihanouk arrive à Pékin.

 

21 Mars 1970 : dans un message à la Nation, Lon Nol assure que «le gouvernement de sauvetage utilisera tous les moyens militaires, politiques et diplomatiques pour faire respecter notre territoire».

Il affirme vouloir maintenir des relations amicales avec tous les pays du monde, sans distinction de régime ou d’idéologie, sans adhérer à aucun pacte militaire ou bloc idéologique.

 

22 Mars 1970 : le gouvernement de sauvetage demande aux deux présidents de la conférence de Genève de 1954 la réactivation de la C.I.C., afin d’aider à mettre fin par une solution pacifique à l’occupation du territoire nationale.

 

23 Mars 1970 : de Pékin, Sihanouk annonce qu’il rallie le camp socialiste et fonde le F.U.N.K. (Front Unifié National du Kampuchea) et ses organismes subordonnés.

 

27 Mars 1970 : les personnels diplomatiques de la R.D.V.N. et du G.R.P. quittent le Cambodge.

 

29 Mars 1970 : attaque concertée de nombreux postes frontaliers cambodgiens par les troupes nord-vietnamiennes et vietcongs.

Le gouvernement cambodgien adresse une vigoureuse protestation au Conseil de Sécurité des Nations-Unies.

 

6 Avril 1970 : le Secrétaire général des Nations unies décide de  «traiter avec les autorités qui contrôlent effectivement la situation au Cambodge, c'est-à-dire le gouvernement de Phnom Penh.

 

14 Avril 1970 : l’ennemi refusant de reprendre les pourparlers, le général Lon Nol informe la Nation la Nation qu’il fait appel à toutes les aides étrangères pour faire face à la situation (offensive vietcong sur Phnom Penh et les principales villes) en se conformant aux Accords de Genève et aux dispositions de la Constitution Nationale.

 

 24 avril 1970 : les effectifs vietcongs-nord-vietnamiens au Cambodge atteignent 54 000 hommes.

 

30 Avril 1970 : le Président Nixon donne son accord pour l’intervention des Forces américo-sud-vietnamiennes au Cambodge contre les bases communistes vietnamiennes (Svay--Rieng et Kompong-Cham).

 

25 Juin 1970 : mobilisation générale décrétée par le gouvernement de sauvetage.

 

Mai à juillet 1970 : les troupes régulières nord vietnamiennes vietcongs mènent une guerre classique d’offensive profondes dans le Nord-Est et le Nord du Cambodge, allant jusqu’à investir les temples d’Angkor (début juin) situés dans des régions pacifiques dédiées au tourisme international. Les communistes vietnamiens montrent ainsi leur mépris de la protection des biens culturels en temps de guerre.

 

Août 1970 : les effectifs de l’armée khmère sont passés de 35 000 à 120 000 hommes, du fait des engagements volontaires massifs au service de la Défense du sol National (ils atteindront 200 000 hommes en mars 1971).

Les envahisseurs tentent de transformer leur agression délibérée en guerre civile par l’endoctrinement de khmers enrôlés dans des «maquis» encadrés par des Vietnamiens ou des Cambodgiens formés précédemment dans les écoles révolutionnaires du Nord-Vietnam. Appliquant la stratégie classique de la guerre révolutionnaire qui a fait ses preuves en Chine populaire, ils s’efforcent de faire tomber les villes en les encerclant par les forces qu’ils ont levées dans les campagnes. Combinant la terreur à une propagande intensive, ils éliminent les cadres récalcitrants et surtout les élites intellectuelles khmères qui animent la résistance Nationale.

Les moines eux-mêmes et leurs monastères bouddhiques n’ont pas été plus épargnés que les écoles, les hôpitaux, les usines, les routes et les ponts.

Les centaines de milliers de réfugiés qui ont fui devant l’invasion nord vietnamienne vietcong (pour participer à la Défense de leur Patrie) ont clairement prouvé au monde la volonté courageuse d’un peuple qui n’accepte pas de se plier aux lois imposées par un envahisseur implacable, dont il n’accepte ni la foi ni les moyens d’action. 

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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 15:14

La politique et l’histoire

 

Il y aurait 4 versions principales sur les évènements du 18 mars 1970 :

-          la version du prince Norodom Sihanouk ;

-          la version des hommes de la république khmère ;

-          la version des observateurs étrangers ;

-          la version satellite.

Toutes, ont-elles une valeur historique au sens propre du terme ?

Nous le savons tous, quand il s’agit d’écrire ou de témoigner sur des faits historiques à caractère politique, il faut attendre aux réactions favorables ou défavorables de la part des lecteurs. En plus, si l’auteur est l’acteur principal ou secondaire dans ces évènements politiques, là, il est certain qu’il devient la cible des critiques du camp adverse. C’est tout à fait naturel.

La date du 18 mars 1970 est un événement majeur dans l’histoire du Cambodge. Beaucoup des acteurs, observateurs, témoins des évènements sont encore vivants. Les débats sur la vérité des évènements sont encore vifs.

Je donne ici les principales idées de chaque version citée ci-dessus. Je veux d’abord préciser que je ne suis pas «Historien» et je parle ici en mon nom propre. Mais il est vrai que mes liens avec les activités de mon père, un des acteurs des évènements du 18 mars 1970, font de moi un témoin engagé et partial, même si je m’efforce, aujourd’hui, à informer les évènements du 18 mars par les autres sources.

 

  1. Version du prince Norodom Sihanouk :

-          Complot des CIA contre sa personne ;

-          Lon Nol et Sirik Matak sont les pantins des Américains et des généraux Sud-Vietnam ;

-          Sa destitution est anti constitutionnelle, elle est donc un coup d’État ;

-          Le peuple khmer est toujours fidèle à sa personne, après sa destitution, etc.

 

  1. Version des hommes de la république : Les causes de la destitution du prince Sihanouk de la fonction du chef de l’État sont :

-          L’échec de la politique économique du prince ;

-          Signature de l’accord secret avec les Vietcongs et du Vietnam du Nord ;

-          Son refus de dialoguer avec son propre gouvernement, dirigé par le Général Lon Nol, au sujet des manifestations contre des ambassades des Vietcongs et de la république socialiste du Vietnam ;
 

  1. Version des observateurs étrangers : Ils écrivent des chroniques des évènements et cherchent à expliquer les liens entre les causes et les effets de chaque étape de ceux-ci avec des commentaires. 

 

  1. Version satellite : Des personnes, pour, contre le prince Sihanouk ou neutre, qui écrivent des anecdotes ou histoires personnels, en collant avec les versions citées en fonction de leur sensibilité et de leurs liens familiaux, amicaux ou de leur sympathie avec des acteurs des évènements. Ce sont des épigones.

Chacun est libre d’écrire. Le plus important, c’est la notoriété de l’auteur. C’est aux lecteurs de réfléchir en fonction de leur conscience. Au Cambodge, il y a toujours une crise de l’histoire car elle est toujours écrite par les hommes de pouvoir. Nous n’avons pas des historiens de métier car l’histoire est l’exercice permanent d’un certain regard, d’un certain esprit critique.

 

Sangha OP

Consultant en Organisation et en Ressources Humaines

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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 10:48
Union par choix ou union par nécessité

Le Parti Sam Rainsy et le Parti des Droits de l’Homme ont récemment signé un accord d’alliance en vue de préparer des élections prochaines. Les résultats des élections législatives en 2008 (26 sièges pour PSR et 3 sièges pour PDH) ne sont pas généreux pour les dirigeants de ces deux partis. Nous pouvons en commenter ainsi : un bon début pour le PDH et un début de stagnation pour le PSR. Ces derniers peuvent toujours dire que les élections n’étaient pas libres et équitables. Mais, une chose est sûr que les prochaines élections ne seront jamais «libre et équitable». Comment réagir ? Que proposer ?

Une maxime dit depuis la nuit des temps que «l’union fait la force». En 2008, cette maxime fut ignorée par le PSR et PDH. Un proverbe dit aussi «il faut mieux tard que jamais». Mais, nous le savons qu’à chaque erreur commis, elle offre un avantage psychologique à l’adversaire. A chaque victoire de ce dernier, elle renforce sa confiance dans la méthode utilisée. Nous sommes certains qu’Il continuerait de les utiliser dans les prochaines compétitions : On ne change pas la méthode qui gagne.

Aujourd’hui, le PSR et PDH veulent faire une alliance. La question est de savoir : est-ce qu’une alliance par choix ou par nécessité ? Mais quelle est la différence entre les deux ?

Alliance par choix (hypothèse) : Ils ont fait un choix de faire une alliance et dans cette union, chaque parti peut y avoir sa propre stratégie pour se développer. Trois possibilités sont :

 

  • Faire : Il (parti) veut maîtriser son développent. Ce développement doit passer, à court ou à moyen terme, par l’absorption de l’autre,
  • Faire faire : Il s’adresse à l’autre parti et fixe ses règles selon ses propres critères pour assurer son développement, c’est l’alliance par domination,
  • Faire avec : Il collabore avec l’autre parti dans le cadre de l’alliance selon des critères de confiance et d’affinité.

Dans le mot «choix», il y a un sens de «liberté». On fait l’alliance par choix dans une situation où il n’y a pas contrainte implicite et explicite au sein de chaque parti et dans un environnement politique seine. L’avantage de faire l’alliance par choix, c’est la souplesse, son inconvénient, c’est la fragilité.

Alliance par nécessité (hypothèse) : Un proverbe dit : la nécessité contraint la loi. Dans la situation de l’alliance entre le PSR et PDH, la nécessité oblige chaque parti à enfreindre ses propres intérêts, c’est-à-dire la loi du parti. Par nécessité, parce que leur adversaire est fort et puissant. Chaque parti a trois possibilités :

  • Faire : Il veut aider le peuple khmer à sortir de la pauvreté, trouver la justice et d’espoir. Pour le faire, il faut gagner l’adversaire et pour le gagner, la fusion des deux partis est une nécessité,
  • Faire faire : Les meilleures idées doivent être encouragées et appliquées partout, c’est la fusion par excellence,
  • Faire avec : Ils (les membres) travaillent ensemble dans un objectif unique : aider le peuple khmer.

L’avantage dans l’alliance par nécessité, c’est l’efficacité et son inconvénient, c’est la contrainte.

 

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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 10:42
Pas assez des hommes de bon sens

Je me rappelle bien une phrase de l’ex-premier ministre français, Monsieur Bérégovoy : avoir un diplôme, c’est bien, mais avoir une pensée seine, c’est mieux. Cette phrase correspond à peu près un dicton khmer : dix hommes de savoir (diplômé au sens cambodgien) ne valent pas un homme de bon sens. Le diplômé représente la connaissance et l’application tandis que l’homme de bon sens représente l’esprit pragmatique. Le diplôme, c’est la technique et le bon sens, c’est la politique.

Il faut raisonner à partir de la réalité. Depuis l’indépendance, le 9 novembre 1953, à ce jour, c’est-à-dire plus de cinq décennies, le Cambodge est toujours classé dans la catégorie des pays sous-développés. Dans ce cadre, les ressources humaines formées dans le domaine de l’économie ne manquaient pas au Cambodge, contrairement ce que les gens pensent. Des centaines des Cambodgiens ont été formés dans les différentes universités nationales : Ecole Royale d’Administration, faculté des Sciences Economiques et des Droits, Faculté d’Agronome, Ecole des Travaux publics, Faculté de Médecine, etc. Les programmes étaient adaptés aux besoins du pays. Ces hommes étaient donc capables de faire bouger l’économie, s’il existait un peu des dirigeants de bon sens dans le pays. Que puissent-ils faire plus, les diplômés de l’HEC, de l’ESSEC, des Sciences Po, des docteurs en économie dans un Cambodge dont l’environnement politique pour le développement est inexistant. Il ne faut pas oublier que les dirigeants des Khmers Rouges étaient formés par les meilleures universités de France et la majorité des cadres exécutifs étaient des enseignants formés à l’Ecole Normale au Cambodge. Mais ces hommes produisaient plus des cadavres (2 millions de mort) au nom de leur révolution utopique que la richesse du pays. Ces universités crées par le Prince Sihanouk était donc comme un coup d’épée dans l’eau et comme aussi la lumière allumée pendant la nuit pour les aveugles parce qu’elles ne formaient pas réellement des jeunes à travailler, mais à servir un régime qui les empêchait de travailler. Sans avoir un but de travailler réellement, ces jeunes n’avaient même pas « la main invisible ».     

Qu’est-ce que c’est la main invisible ? C’est Adam Smith qui a utilisé le premier concept de la main invisible. En 1776, il écrivait que chaque individu travaille dans un seul but : accroître son propre gain mais, en faisant cela, «il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ; et ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la société, que cette fin n’entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but de travailler».

Les besoins en ressources humaines dans le Cambodge d’aujourd’hui sont des hommes de bon sens. Le Cambodge peut former ses propres cadres avec des programmes adaptés à son environnement, c’est question de la volonté politique. Il faut avoir le courage de s’attaquer au vrai problème du pays qui paralyse son développement : la corruption. Les experts en développement de l’ONU et des pays développés sont nombreux pour aider le Cambodge. Ils sont armés de diplômés et des expériences, mais ils sont impuissants devant ce fléau. Pourquoi ? Voilà une belle question que personne n’ait une réponse.

 

La société khmère est comme le vin qui vieillisse plutôt bien. Le fait qu’elle ait absorbé un séisme social, un séisme historique, la révolution sanglante de Pol Pot, montre qu’elle possède une capacité de résistance importante. Or, la première qualité que l’on demande à la société, c’est d’absorber les chocs et de tenir. Avec un peu de bon sens, je suis sûr qu’elle pourrait empêcher le Vietnam d’être maitre de son destin.

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21 juillet 2008 1 21 /07 /juillet /2008 07:06

Pour témoigner ma gratitude envers mon pays natal, j’ai décidé de consacrer le reste de ma vie à étudier et réfléchir sur son histoire. Pourquoi sur l’histoire ? Pour comprendre le pourquoi ce pays, jadis puissant, possédant une civilisation brillante, s’enfonçait dans la décadence morbidique. Les avis des Khmers sont nombreux :

 

-          les agressions des pays voisins, la Thaïlande et le Vietnam ;

-          le bouddhisme, une religion qui favorise l’oisiveté et l’abandon de la vie charnelle ;

-          les guerres civiles entre les prétendants du trône ;

-          la passivité du peuple khmer ;

-          les coûts exorbitants des constructions de la cité d’Angkor ;

-          l’incapacité des dirigeants à gouverner le pays ;

-          la corruption généralisée ; etc.

 

J’ai essayé de répondre à tous ces points d’interrogation en faisant des réflexions sur l’histoire politique de mon pays à partir du Xème siècle. Je sais que cette entreprise est très difficile, car le mot « politique » est tabou dans mon pays. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore des gens qui sont morts à cause de leur opinion politique dans le Cambodge d’aujourd’hui. J’accepte ce risque parce que je pense que c’est de mon devoir en tant que Khmer d’apporter une contribution aux débats sur ce sujet délicat.

 

Il y a beaucoup de livres d’histoire et de thèses de doctorat sur le Cambodge. Le plus grand nombre a été écrit par des étrangers, très peu par des Khmers. Comme j’ai déjà dit ci-dessus, l’histoire politique du Cambodge est toujours un sujet tabou. Les Khmers n’osent pas donner leurs opinions sur ce sujet parce qu’ils ont peur d’être réprimandés par le pouvoir. L’étude d’histoire au Cambodge est toujours assimilée à faire de la politique et de la prise de position sur un tel sujet politique, parce que depuis la nuit des temps, cette étude est un domaine réservé aux hommes de pouvoir. C’est eux qui écrivaient leur propre histoire dont le contenu avait toujours une fin politique : le vainqueur effaçait toutes les traces du vaincu. À chaque suppression, on enlève une partie de vérité de l’histoire. Et avec ces pratiques continues, on efface une grande partie de mémoire d’un peuple. Nous sommes bien placés pour le savoir car les khmers avaient perdu de leur mémoire pendant plusieurs siècles de l’existence de la cité d’Angkor jusqu’à la découverte au XIXème siècle par un français.

 

Dans l’histoire politique de notre pays, il y a peu de leçons politiques que nous pouvons en tirer comme leçon de l’histoire, parce qu’elle était manipulée par nos dirigeants de toutes les époques. Toutes nos défaites face à l’armée thaïlandaise, ou vietnamienne dans les siècles passés n’ont jamais analysé par nous. Ce manque d’analyse approfondie crée chez nous un sentiment d’être une victime permanente de la part de nos voisins. La haine s’empare de nous et nous rend aveugle de la réalité de nos défauts et nos responsabilités dans nos défaites perpétuelles. Nous continuons aujourd’hui de pleurer sur notre sort dans la passivité totale : les Vietnamiens vont envahir notre pays ; les Thaïlandais sont plus forts que nous. Cette phobie devient chez nous une fatalité.

 

Pour surmonter à notre traumatisme, j’invite tous les Khmers à participer aux débats sur l’histoire politique du Cambodge. J’aimerais donner une dimension politique à ces débats parce que cette dimension nous amène au cœur des problèmes de notre pays. Je suis conscient que dans la décadence de notre pays, il y a sans doute une part importante de notre responsabilité. 

 

J’ai choisi la chronique des rois khmers (version de Monsieur Eng Soth, historien cambodgien) comme base de mes études ; dans laquelle, j’ai pris les principaux caractères des évènements historiques, racontés et d’écarter la multitude des petits faits pour laisser voir seuls considérables. J’ai fait ensuite des commentaires sur ces évènements majeurs dont le but est d’essayer de donner une dimension politique à ces évènements.

 

Il faut noter que les faits historiques, racontés dans la chronique des rois khmers, commencent prendre une allure plus historique à la deuxième moitié du XIVème siècle. Néanmoins, la Commission de l’Histoire et de la Culture khmère accorde un crédit aux témoignages des faits donnés à la date antérieure de ce siècle comme historiques.

 

Deux historiens khmers renommés Messieurs KHIN Sok et MAK Phoeun ont fait la traduction en français les chroniques royales du Cambodge avec comparais des différentes versions dans le cadre des collections de l’école française d’Extrême-Orient dont le contenu m’a beaucoup aidé dans mes réflexions. Ils ont fait la traduction dans le cadre académique. L’écriture des noms des rois et des lieux sont de mode de l’école Extrême-Orient, c’est-à-dire de prononciation à la façon indienne dont le son du mot est incompréhensible pour des Khmers ordinaires. En tout cas, leurs travaux sont très utiles pour les étudiants en histoire et chercheurs.

   

 

 

 

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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 12:20

 

Sirik Matak était, pour la famille royale, un apostat de son titre, droit, honneur et ses prérogatives princières. Il fut assassiné en 1975 par les Khmers rouges. Ses assassins athées ont voulu faire disparaître son corps pour effacer de la terre du Kampuchéa la mémoire d’un homme qui osait ouvrir la nouvelle page d’histoire avec la joie de la population, dont le mot «liberté» était écrit en caractère gras et souligné pour mettre un terme aux frasques aux siècles passés peu reluisants.

 

Démétrios, Conseiller du roi Alaric, proposait aux généraux Wisigoths après la mort de leur souverain, le vainqueur des romains, de faire disparaître de la surface de la terre toute trace du roi défunt. Voici ses arguments :

 

«Comprenez-vous que tout tombe et que les pierres s’écroulent ? Comprenez-vous que le souvenir qui s’attache à ce qui passe est un souvenir condamné ? Comprenez-vous qu’il y a quelque chose qui est plus fort que la parole : c’est le silence ? Quelque chose qui est plus fort que la présence : c’est l’absence ? Si vous voulez que, dans toute la suite des siècles, les générations successives conservent encore la mémoire de ce que fut Alaric, il faut confier la mort à la mort, le silence au silence et l’absence à l’absence. La seule tombe du roi Alaric doit être l’esprit des hommes qui se succèdent dans le temps, l’imagination qui n’en finit jamais de renaître de ses cendres et le souvenir du souvenir».

 

Comme le roi Alaric, Sirik Matak n’a pas de stupa pour faire sa dernière demeure car son trépas était un halo de gloire dans la mémoire des Khmers épris de la liberté. Rappelons-nous bien qu’en 1975, Sirik Matak dédaignait de quitter son pays à la demande des Etats-Unis, non pas pour s’accrocher au pouvoir, mais pour expirer en homme libre. Voici l’extrait de la réponse de Sirik Matak à l’ambassadeur des Etats-Unis à Phnom-Penh :

 

«Mais dites-vous bien que si je mourrais ici sur place et dans mon pays que j’aime, c’est tant pis, parce que tous les êtres naissent et meurent. J’ai seulement commis cette faute, celle de vous croire».

 

Dans sa réponse, Sirik Matak, le pieux individu, ne faisait que se référer à la racine de la loi Siddhâtha Gautama, le futur Bouddha : «tous les composés sont impermanents».

 

À la mort de Georges Sand, Victor Hugo envoyait un massage d’affection à son amie sans vie : «je pleure une morte et je salue une immortelle». Aujourd’hui, les Khmers républicains cessent sans doute de pleurer la mort de Sirik Matak pour laisser reposer son âme, qui s’est déjà libéré de toutes les expiations terrestres, mais ils continuent plus jamais de saluer son esprit immortel. Mais qui était donc ce citoyen hardi ?

 

Sirik Matak, dont le nom évoquait à la fois l'un des fondateurs de la République khmère et le héro homérique dans l’histoire contemporaine khmère, n’était que le petit-fils du prince Essaravong (fils du roi Sisowath). Il était né le 22 janvier 1914 du père Sisowath Ratthary et de mère roturière Yoeun. Le citoyen Sirik Matak était l’ancien élève de l’Ecole d’Administration cambodgienne (école fut créée par le protectorat français par l’ordonnance royale du 20 novembre 1917). Après deux années de formation, il débuta sa carrière dans l’administration publique. Il a été successivement Chef de district, puis gouverneur de province.

En 1952, il fut nommé colonel. Comme officier, il assuma les diverses hautes fonctions dans la hiérarchie militaire. Il était aussi un des membres fondateur du Parti de Rénovation khmère (ce parti fut créé par Lon Nol en 1947), dont les principaux objectifs étaient d’introduire des réformes nécessaires pour faire du Cambodge un Etat moderne, fondé sur des bases démocratiques solides, bien comprises et acceptées par le peuple souverain. Il était ambassadeur et plusieurs fois ministres. Bref, les riches d’expériences dans les différentes hautes fonctions de l’État lui permettent de fixer sa philosophie politique fondée sur la morale républicaine. La déposition du prince Sihanouk de chef d’État fut peut-être un fait improvisé dans le Cambodge à l’époque en convulsion, mais on savait que la fin de son régime était proche et il ne s’agit que d’une question de temps car on constatait et prouvait que le climat politique, économique et social du pays devenait étouffant.

 

En revanche, la proclamation du 9 octobre 1970 de la première république khmère n'était pas un évènement indécis. Elle méritait beaucoup de considération car elle était le résultat d’un développement conjugué entre la maturité de la pensée politique de la jeunesse khmère, la sagesse de Sirik Matak et sa famille d’idée.

Ce concours de circonstances fit naître une nouvelle force nationale qui souffla comme un ouragan amenant avec lui l’air du passé pour laisser après son passage un nouvel espace d’espérance afin que le peuple khmer puisse enfin respirer l’air de la liberté. Le temps, les choses et les hommes se rassemblaient avant, pendant et après l’orage en une seule force républicaine et Sirik Matak était présent dans ces circonstances historiques. Il était l'un des pionniers qui marchait avec confiance au premier rang des réformateurs avec un étendard à la main sur lequel, il écrivait trois mots universels qui ouvraient l’ère nouvelle pour le Cambodge : liberté, égalité et fraternité.

Quand on était dans l’action comme celle-là, la seule chose qui restait à emplir les festivités démocratiques, fut la proclamation immédiate de la république du peuple et pour le peuple. Et c'était le cas, parce que Sirak Matak et ses amis politiques avaient construit leur fondation politique en suivant deux lignes : la ligne de rupture avec la monarchie millénaire et celle de la réforme profonde de la société khmère. La naissance de la République khmère n'était pas improvisée, elle était née de la volonté mûre des milliers des Cambodgiens qui refusaient de ne plus accepter la décadence de leur pays.

 

La révolution française n’était que la philosophie du XVIIIe siècle descendue des salons dans la place publique et passée des livres dans les discours, écrit LAMARTINE ; quant à la révolution khmère de 1970, elle était née de l’explosion de sentiment d’injustice du peuple qui est humilié depuis des siècles dans son rôle de sujet par les souverains incapables dans le Cambodge nanti.

Dans cette révolution sociale, Sirak Matak pensait que pour installer une démocratie réelle, il aurait fallu donner au peuple khmer la citoyenneté nouvelle fondée sur la liberté et les droits naturels de l’Homme. Je ne sais ce que vaut précepte de Sirik Matak, mais son courage montre avec quelle facilité un homme d’État audacieux pouvait balayer le pouvoir divin du prince Sihanouk. Il fallait que sa décision soit vraiment claire pour faireface à son cousin qui gouvernait en chef divin sur le peuple croyant.

Ce peuple est toujours opprimé depuis des millénaires par l’obscurantisme des souverains déifiés. Le professeur Keng Vannsak écrit un vers en cambodgien pour présenter fidèlement l’état de la population khmère : «Naître par les larmes, grandir par la faim, avec comme seul bien : la pauvreté et la maladie comme compagnons – soutien jusqu’à la mort afin d’endurer le même destin : vivre en tant qu’esclave».

 

Pour Sirik Matak, le peuple khmer a le droit et devoir de se rebeller contre son destin car il possède sans doute l’intelligence pour soustraire à l’autorité de la tradition surannée. Etre bouddhiste comme des millions autres Cambodgiens, Sirik Matak s’incarnait déjà une manière de démocratie. Il entendait que la souveraineté résidait et avait toujours résidé dans le peuple et c’est ainsi qu’il aimait fredonner la chanson des révolutionnaires anglais : «Quand Adam piochait, quand Eve filait, qui donc était gentilhomme ?».

 

Sirik Matak représente aujourd'hui pour les Khmers républicains le maître à penser moderne khmer. Son esprit est battu en brèche par ses ennemis de classe et de caste. Je me pose aujourd’hui donc, la question : est-ce que la critique comminatoire des contempteurs de Sirik Matak est-elle encore crédible quand je vois le Cambodge d’aujourd’hui est emmuré à l’Est par le Vietnam, à l’Ouest par la Thaïlande et à l’intérieur la mort lente lui attend.

 

À part sa gentillesse légendaire et son courage exemplaire qu’est ce que le citoyen Sarik Matak, homme de cœur, courtois, affable et fort chaleureux, avaient fait au cours des cinq années de la République khmère ? :

 

-          Mener une guerre de résistance et de libération nationale contre l’invasion des Nord-vietnamiens et des Vietcongs ;

-          Défendre le Bouddhisme contre le Communisme ;

-          Réformer la société khmère.

 

Ces réformes étaient heurtées à la maladie endémique de la société khmère qui est appelée la «corruption». Pendant les cinq années de la République khmère, les communistes de tous bords surent exploiter au mieux cette maladie de la société à leur profit.

Et dieu sait combien, j’ai beaucoup de peine de voir qu’un grand nombre des intellectuels khmers étaient tombés dans ce piège car au lieu de considérer la corruption comme problème de société, ils ont cru naïvement comme un abus du régime républicain.

Et au lieu de donner un coup de main pour extirper la tumeur de corruption du corps de la société khmère, ils ont préféré attendre l’arrivée au pouvoir des hommes de Pol Pot qui sont venus pour massacrer les Cambodgiens. Ces hommes de savoir ont oublié que le germe de corruption est dans le sang de chacun de nous car il constitue un facteur déterminant dans le déclin du Cambodge depuis 600 ans.

 

J’ai une conviction que le citoyen Sirik Matak n’est pas mort pour rien car le peuple khmer d’aujourd’hui devient dans son esprit un peuple républicain, malgré la restauration de la monarchie khmère.

 

 

Lettre de Siri Matak à l'ambassadeur Dean :

" Excellence et cher ami. Je vous remercie pour votre lettre et pour votre offre de m'emmener vers la liberté. Je ne peux , hélas, partir de façon aussi lâche. En ce qui me concerne, et votre grand pays en particulier, je n'ai jamais cru un seul instant que vous auriez le coeur à abandonner un peuple qui a choisi la liberté. Vous nous avez refusé votre protection et nous n'y pouvons rien. Vous partez, et je souhaite que vous et votre pays trouviez le bonheur sous le ciel. Mais dites-vous bien que, si je devais mourir ici, sur-le champ et dans mon pays que j'aime, cela n'aurait pas d'importance, car nous devons tous mourir un jour. Je n'ai commis qu'une seule erreur : celle de croire en vous, les Américains.
Veuillez agréer, Excellence et cher ami, mes meilleurs sentiments d'amitié."


 

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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 07:30

 

 

Le 15 mai 2008, un débat a été organisé par la radio France culture sur l’utilité de jugement des chefs historiques des Khmers rouges par un tribunal. Un invité, Père Ponchaud, prête catholique, auteur d’un livre, intitulé, le Cambodge - année zéro, a dit que  «la population khmère ne voulait pas le tribunal, créé par l’ONU et le gouvernement khmer actuel, pour juger des chefs historiques des Khmers rouges, parce que 70 % des Khmers d’aujourd'hui sont nés après la fin du régime des Khmers rouges (1er janvier 1979). Norodom Ranariddh et Hun Sen, alors co-premier ministre du premier gouvernement du Cambodge post onusien, ont voulu sanctionner les Khmers rouges par un tribunal parce que ces derniers avaient refusé de participer aux élections législatives en 1991. Hun Sen mord aujourd’hui ses doigts, parce que dans son for intérieur, celui-ci ne voulait jamais créer ce tribunal pour raison que tout le monde le sait : il était aussi ancien Khmer rouge. Juger les chefs historiques des Khmers rouge, pour lui, c’est comme on ouvre une boite de pandore. Si on devait juger les Khmers rouges, il faut aussi qu’on juge des Américains qui avaient largué des tonnes de bombes tuant autant des khmers. Le jugement des chefs khmers rouges ne sert pas à grande chose pour la société khmère actuelle».

 

En coutant père Ponchaud, en tant que Khmer, j’ai éprouvé une sensation de douleur et de tristesse. Les raisons en sont multiples :

 

Pour commencer, je voudrai citer deux articles du Code civil français :

Art. 1382 : Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer.

Art. 1383 : Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence.

1. La question du jugement des Khmers rouges par un tribunal n’est pas légère. C’est pourquoi, je préfère débattre avec père Ponchaud en toute liberté :

 

Comment un prêtre, intellectuel, vécu plus de deux décennies au Cambodge, peut oublier ces deux articles cités ci-dessus et ne pense même pas à un droit et devoir de mémoire pour un peuple qui est victime du crime commis par Pol Pot et ses hommes. Bien que 70 % des Khmers d’aujourd'hui qui ne connaissent pas le régime de Pol Pot, mais ils sont nés des parents qui ont été victimes de celui-ci. Donc, ils sont tous victimes du crime commis par des Khmers rouges. Il ne faut pas croire qu’ils ne voulaient pas que les chefs khmers rouges soient jugés, parce qu’ils n’en parlent pas. Ils souffrent fort depuis des années de leur propre silence parce que les chefs khmers rouges étaient reconnus, il y a quelques années, par tout le monde comme personnalités incontournables dans le processus de paix onusien.  Leur revendication n’aurait pas été la bienvenue dans le contexte politique de l’époque. Aujourd’hui, un tribunal mixte est créé par l’ONU avec le gouvernement khmer pour juger les chefs des Khmers rouges. De quoi le tribunal doit répondre aux attentes des Khmers ? Pas grande chose :

-          un droit de mémoire, reconnu par la loi, qui leur donne droit de parler librement de ce crime ;

-          un devoir de mémoire, reconnu par la loi, qui leur oblige à garder ce crime en mémoire pour l’humanité et pour la société khmère.

 Pour ouvrir ces deux droits, ce crime doit être jugé par un tribunal, parce que le jugement du tribunal ouvrira le droit au peuple khmer à la dignité, à la vérité et à la justice. 

 

 

 

2. Comment père Ponchaud peut faire un lien entre le crime des Khmers rouges et le bombardement américain pendant la guerre au Cambodge ?

 

Je ne veux pas tomber dans le piège des Khmers rouges : ce n’est pas ma faute, c’est la faute des Américains qui ont aidé le Général Lon Nol (Président de la République khmère – 1970-1975) à destituer le prince Sihanouk. J’ai répondu à l’appel du prince pour combattre contre Lon Nol. J’ai tué des Khmers innocents, c’est à cause des Américains qui ont déclenché la guerre.

 

Khieu Samphan, ancien Chef de l’Etat du Kampuchéa démocratique (Etat des Khmers rouges – 1975-1978) dit la même chose. Il a écrit un livre, intitulé : l’histoire récente du Cambodge et mes prises de position (Edition L’Harmattant). Le but est de démontrer son «non coupable» : c’est pas moi qui l’ai fait, c’est Pol Pot qui est le seul coupable et responsable plus d’un million de morts des Khmers. Mon rôle était un employé de bureau.

 

Ce «non coupable» de Khieu Samphan nous montre bien la lâcheté d’un homme qui prétend être le défenseur des Khmers opprimés du régime de Sihanouk et ensuite de Lon Nol. En 1975, ces opprimés ont été assassinés par son propre régime dont il était le chef de l’Etat. Au demeurant, Khieu Samphan, docteur de Sorbonne, n’est pas seulement un lâche, il est aussi un menteur.        

 

Si on devait juger des Américains parce qu’ils ont largué des bombes tuant des milliers de khmers innocents, il faut aussi juger la République socialiste du Viêtnam qui a aussi bombardé par ses canons et ses roquettes sur des villages et des villes khmers tuant aussi la population innocente. Je ne suis pas proaméricain et je suis non plus antivietnamien, je suis un des victimes des Khmers rouges et je ne partage pas l’opinion du père Ponchaud parce que le 17 avril 1975, la guerre fut terminée au Cambodge. Les Khmers rouges ont gagné la guerre et ils étaient le seul maître du Cambodge. Ils avaient tout le pouvoir et bien sûr, ils s’en servaient pour tuer délibérément plus d’un million des Khmers parce qu’ils n’étaient pas politiquement rouges comme eux. C’est sur ce crime que l’ONU veuille le juger.

 

Ne pas juger les responsables khmers rouges, pour moi, c’est comme on dépouille au peuple khmer le droit à la justice.

 

 

Srey Santhor

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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 09:24

Bienvenue à mon Blog. Le Bayon

Le Bayon est un temple khmer avec des visages qui regardent dans toutes directions du pays des Khmers. Ce temple est construit au 12 ème siècle par le roi Jayavarman VII. Il accuellait les différents dieux qui étaient alors vénérés par les Khmers. Le Bayon symbole la démocratie dans la période angkorienne.

Les têtes sereines du Bayon représentent aujourd’hui pour moi «l’observateur engagé de tous ce qui se passent au Cambodge». Elles sont aussi le témoin oculaire dans les moindres détails de la décadence de la nation khmère. Du grand empire khmer au Cambodge actuel, les Khmers ont l’impression que tout cela n’est que vestiges, que le pays et le peuple khmer ont disparu.

Le Bayon est à la fois matière et esprit. Matière, comme disait Alain : il est évident que l’inspiration ne forme rien sans la matière. Esprit, parce qu’il observe jour et nuit l’histoire de son pays et participe aux débats sur la vie des Khmers pour un seul but : la rénovation khmère. 

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